Moi vivant, vous ne serez jamais médecin! Cette phrase est celle qui m'a fait le plus de mal dans ma vie. L'histoire se passe à Alger, je suis étudiant en milieu de première année de médecine et c'est la période de l'OAS, la fac de médecine réactionnaire et aux mains des ultras, des professeurs et des étudiants les plus extrémistes, et jusqu'à la Gaillarde et ses parachutistes dans la fac. A cette époque rien d'autre que la médecine ne intéressait, et j'avais l'impression de stagner, alors j'écris à sept doyens d'université en France pour leur dire qu'il est impossible d'étudier la médecine dans de telles conditions et je leur demande si ils veulent bien m'accepter dans leur faculté en cours d'année. Une semaine après je suis convoqué par le doyen de la fac d'Alger qui pousse sur son bureau une lettre en me demandant: c'est vous qui avez envoyé ce torchon au doyen de la fac de Lyon pour vous plaindre de la nôtre? Ce doyen est un ancien professeur de notre fac et un de mes amis personnels qui me l'a renvoyé aussitôt! Et il ajoute cette sentence incroyable "Moi vivant, vous ne serez jamais médecin!" Je rentre chez moi, ma vie s'écroule, je suis abasourdi. Trois jours après je reçois un courrier du doyen de la fac de médecine de Toulouse, l'un des meilleurs neurochirurgiens français, le professeur Lazorte qui me répond: venez, nous vous accueillons les bras ouverts. Ma vie rebascule, je pars immédiatement à Toulouse où je suis reçu par le doyen en personne:
- Monsieur Dukan, fini les stress et la politique, ici vous allez pouvoir étudier tranquillement, reposez-vous pour être prêt à reprendre l'an prochain votre première année version toulousaine.
- Ah, non, monsieur Lazorte je vais travailler à fond et tenter ma chance en juin
- Vous aurez du mal, mais si vous y tenez allez-y!
J'ai bavé, j'en ai bavé pendant 4 mois, mais j'ai eu mon écrit en juin et l'oral de rattrapage en septembre. Vive la vie!